Bref rappel des faits et quelques perspectives
Le SSM demande des règles claires dans la Convention collective de travail
Brève rétrospective. Une équipe du journal Le Temps a enquêté pendant plusieurs mois avant de larguer la bombe le 31 octobre dernier. Dans un article très fouillé, Le Temps a révélé plusieurs cas graves de harcèlement psychologique et sexuel à la RTS, qui s’étendent sur la période de 2005 à aujourd’hui. Les accusations concernent notamment le présentateur vedette Darius Rochebin, passé à une chaîne française cet été, et deux cadres suspendus à la suite de la publication de l’article du Temps. Le cas du cadre que l’article du Temps nomme «Robert» était connu de nos collègues de la section romande du SSM. Au courant de situations de harcèlement sexuel et de mobbing, le SSM était intervenu sans succès il y a quelques années auprès des responsables de la RTS qui avaient préféré faire la sourde oreille.
Ces révélations choquantes sur la RTS ont mis en évidence l’échec de son encadrement et révélé sa culture de la peur et du déni. Les cas de harcèlement sexuel et de mobbing signalés n’ayant fait l’objet d’aucune enquête ou d’une enquête insuffisamment approfondie, le sentiment d’impunité de leurs auteurs a entrainé le silence de leurs victimes qui ont préféré se taire, de crainte également d’être licenciées. Ce d’autant plus que, comme dans l’affaire «Robert», il est même arrivé que des enquêtes se concluent par la promotion de l’auteurs d’abus.
Lutte contre le harcèlement sexuel et psychologique au travail
Les groupes du SSM en Suisse romande travaillent sans relâche depuis trois semaines. Ils ont commencé par demander une enquête indépendante externe sur les différentes affaires et la suspension temporaire des deux cadres impliqués pour la durée de l’enquête. La RTS a accédé à ces demandes. En outre, le SSM a invité l’ensemble du personnel à signaler les cas de harcèlement sexuel et psychologique à un collectif externe d’avocats basé à Genève, connu du SSM et spécialisé dans les affaires de harcèlement sexuel et psychologique. La confidentialité est garantie ! A ce jour, plus d’une centaine de victimes se sont déjà adressées à ce collectif d’avocats. De plus, un grand bombre de victimes ont décidé de s’exprimer publiquement, mettant ainsi fin à des années de silence. Le SSM s’en félicite.
Etendre la lutte à l’ensemble de la SSR...
La question du harcèlement sexuel et psychologique au travail ne concerne pas que la RTS, mais bien l’ensemble de la SSR. Suite à un appel à témoignages, le groupe SSM du Tessin a reçu très rapidement une trentaine de signalements. Le SSM lui-même demande depuis des années une meilleure protection, à l’échelle de la SSR, pour les victimes d’abus sexuels et de mobbing. Les instruments actuels sont manifestement insuffisants. C’est pourquoi le syndicat est intervenu également en Suisse alémanique et romanche pour revoir le dispositif actuel. Nous veillerons à ce qu’une instance de contact fiable soit désignée. Des réunions sur cette question sont prévues. En tant que partenaire social, le SSM doit être associé sur un pied d’égalité à l’étude et à la conception de ces processus, comme cela est déjà le cas à la RTS et est en train d’être mis sur les rails au niveau de la SSR. Alors que trois études différentes ont été lancées à la RTS, une étude est en cours au niveau de la SSR. Lancée par le Conseil d’administration de la SSR et confiée à un organisme externe, celle-ci analysera tous les processus et règlements de la SSR. Elle a pour vocation d’impulser les changements qui s’imposent. Le SSM est impliqué de manière paritaire dans tous les processus.
... et intégrer cette problématique aux négociations sur les CCT
Avant même les événements de la RTS, le SSM avait mis sur la table la question de la protection de la personnalité pour les négociations actuelles de la CCT. Il a concrétisé cette demande lors de la dernière séance de négociation CCT et il est maintenant admis de parte et d’autre qu’il faut à la SSR un règlement paritaire définissant des lignes directrices efficaces, des responsabilités claires et des instance de contact fiables et indépendantes.
Lors des négociations CCT, la délégation du SSM a également exprimé son mécontentement face à la culture d’encadrement qui prévaut au sein de la SSR. Malgré diverses tentatives pour aborder les problèmes ouvertement et sans tabous, que ce soit à la table de négociation CCT ou dans d’autres situations de négociation, le SSM a toujours eu le sentiment de se heurter à un mur du côté de la SSR. Ce d’autant plus que même les cadres dirigeants de la SSR ne prenaient pas aux sérieux les problèmes signalés par le syndicat. Le SSM est convaincu qu’après le cycle de négociation d’hier, les responsables de la SSR ont compris que le moment était venu d’écouter plus attentivement le personnel et ses représentants. Une fois que les problèmes sont abordés ouvertement, il n’est plus possible de considérer simplement celles et ceux qui les signalent comme des empêcheurs de danser en rond, comme cela a souvent été le cas par le passé.
Passer de la parole aux actes
Trois semaines après les révélations du Temps, il est impossible de retourner à la «normale», comme si de rien n’était. La confiance du personnel de la SSR dans la Direction a été ébranlée. Et le SSM a soulevé sur la culture d’entreprise un certain nombre de questions qui doivent être résolues au plus vite. Notamment le sentiment répandu parmi le personnel que la Direction de la SSR est distante et fermée à un véritable dialogue. Les objections et les suggestions du personnel sont peu prises au sérieux ou carrément ignorées. Ce qui est apparu au grand jour à la RTS est le résultat d’une conception de l’encadrement caractérisée par sa foi en la hiérarchie et l’autorité. La balle est dans le camp de la Direction de la SSR. A elle de regagner la confiance du personnel et de le traiter comme un partenaire sur un pied d’égalité. Bref, les choses ne peuvent pas continuer ainsi. Un changement en profondeur est indispensable. Il faut enfin passer de la parole aux actes.
Bien gérer les témoignages
Face à cette situation critique, il faut agir et s’améliorer à tous les niveaux. Le SSM est en train de définir des processus avec toutes les unités d’entreprise afin de traiter les témoignages du personnel de manière discrète, anonyme et ciblée. Nous vous tiendrons au courant.
Bien entendu, le SSM se tient à votre disposition pour toutes vos questions et suggestions.